Création d’un réseau de bibliothèque publique

23/04/2021 - 17:10
Groupe Socialiste du Parlement de Wallonie - Création d’un réseau de bibliothèque publique

Cette semaine, dans le cadre de la fête du travail le premier mai, nous reviendrons chaque jour sur un combat du Parti Socialiste depuis sa création. Pour rappel, le PS naît en 1885 sous le nom de POB (Parti Ouvrier Belge) à la suite du congrès de Bruxelles au café Le Cygne sur la Grand-Place réunissant plusieurs associations ouvrières du pays. Ces associations sont aussi bien des organisations politiques que syndicales, mutualistes ou coopératives ces branches ne se séparant qu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale tout en continuant à collaborer à travers l’action commune. 

Du côté culturel, en 1921, le Parti fait instaurer un réseau de bibliothèque publique

Au cours de la Première Guerre mondiale, la demande de lecture augmente dans des proportions considérables. Pour la satisfaire, un Comité central des œuvres de lecture populaire est formé en 1915. Grâce aux fonds de la Commission for Relief in Belgium, il organise aussitôt 950 bibliothèques itinérantes. Après la guerre, le Comité central est maintenu et le service des bibliothèques populaires du ministère des Sciences et des Arts reprend son activité, interrompue sous l’occupation allemande. La nécessité d’une réforme de la lecture publique se fait de plus en plus sentir. L’esprit de reconstruction nationale, l’instauration de l’instruction obligatoire jusqu’à l’âge de quatorze ans (loi du 19 mai 1914) et de la journée de huit heures (loi du 14 juin 1921) sont autant de circonstances favorables à la naissance de la première loi belge sur les bibliothèques publiques.

La loi du 17 octobre 1921 est adoptée sur proposition de Jules Destrée, ministre des Sciences et des Arts. Comme d’autres textes législatifs marquants, le nom de son promoteur lui restera attaché, ce qui souligne son importance. Il est vrai que Destrée est une personnalité hors normes. Socialiste de la première heure – il est l’un des premiers députés du POB – , il s’est fait le chantre de la cause ouvrière, d’une législation sociale, du suffrage universel et de l’enseignement obligatoire et gratuit.

La loi du 17 octobre 1921 reconnaît trois types de bibliothèques publiques : communales, adoptées et libres. Les premières sont fondées, organisées et administrées par une administration communale.

L’ambition du ministre Destrée était de « transformer le faisceau hétéroclite des bibliothèques, dites populaires, en un véritable service public » sur le modèle de la public library anglo-saxonne, ce qui impliquait une obligation de neutralité et donc une rupture par rapport à un système dominé par les piliers catholiques, libéral et socialiste.

Lors des travaux de la commission mise en place en 1920 pour préparer la loi, Destrée a été saisi d’un avant-projet qui allait dans ce sens, mais il y renonce en février 1921, pour ne pas heurter de front à la fois les défenseurs de l’initiative privée et plus encore ceux de la sacro-sainte autonomie communale. Selon la loi, les communes ont donc le choix entre plusieurs options : créer une bibliothèque publique, en adopter une, se satisfaire de l’existence d’au moins une bibliothèque libre dans leur ressort ou, en l’absence de toute bibliothèque reconnue, se contenter… de ne rien faire. La loi prévoit néanmoins, dans ce dernier cas de figure, que l’administration communale est tenue d’établir un des trois types de bibliothèques publiques « dès qu’elle sera sollicitée par des électeurs représentant le cinquième du corps électoral » (art. 2, § 2). Ce compromis « à la Belge » est le prix payé par Destrée pour obtenir une très large adhésion à son projet, voté à l’unanimité à la Chambre et par 65 oui, 20 non et 5 abstentions au Sénat.

Src : https://books.openedition.org/pressesenssib/12468?lang=fr#ftn59